USP SEM MEDO : Des étudiants de l’Université de São Paulo engagés politiquement
Le 2 octobre 2022 se tiendront les élections présidentielles brésiliennes, qui détermineront qui du président sortant Jair Bolsonaro (Parti libéral) ou de l’ancien président Lula (Parti des travailleurs) prendra la tête du pays. A l’Université de São Paulo (USP) comme dans beaucoup de milieux universitaires, les étudiants se mobilisent contre la réelection du président d’extrême droite. C’est le cas de Juliana Bellato de Souza, activiste de 24 ans fondatrice et membre du mouvement USP Sem Medo (“USP sans peur” en portugais) qui finit ses études à l’USP.

Les élections étudiantes et leur implication politique

Le mouvement USP Sem Medo a pour objectif de représenter les étudiants dans la lutte politique, au niveau universitaire et national. Juliana explique notamment qu’il existe deux types d’élections à l’USP, auxquelles le mouvement a participé : celles pour les représentants des étudiants et celles pour les entités étudiantes. “La première se déroule malheureusement de manière virtuelle, déplore-t-elle, compromettant ainsi une partie importante du processus : le contact direct avec les étudiants”. Les élections des entités, en revanche, se déroulent en personne : “nous avons eu des élections pour les centres académiques et, plus récemment, pour l’Union centrale des étudiants (DCE) de l’USP”. Les élections sont annuelles et permettent de renouveler les présidences dans les entités étudiantes.

L’USP implique également fortement les étudiants dans la vie politique même de l’État de São Paulo, en faisant participer les listes des représentants universitaires à l’élection du recteur. “Cette élection se déroule de manière atypique, observe Juliana, la communauté est consultée et c’est elle qui choisit, sur une triple liste, le gouverneur de l’État de São Paulo”.

Les défis de l’USP Sem Medo

L’USP Sem Medo est une liste dépendant de la Juventude sem Medo (Jeunesse sans peur), un ensemble de collectifs (Afronte, Rua, Fogo no Pavio et Manifesta), qui a émergé en 2019. Si l’USP Sem Medo n’est composée que d’étudiants de l’USP, ce n’est pas le cas de la Juventude sem Medo qui est un mouvement plus large lié au Frente Povo sem Medo (Front du Peuple sans Peur). “Ce mouvement a joué un rôle important dans les mobilisations pour Out Bolsonaro et agit en cohérence avec les défis que nous avons actuellement”, précise Juliana.

Parmi ces défis, les étudiants évoquent nécessairement la pandémie de Covid-19 qui a énormément impacté le Brésil, notamment du fait de sa gestion catastrophique par le gouvernement. Cette crise et sa gestion, qualifiée de “génocide” par de nombreux brésiliens, n’ont fait que souligner et renforcer des problèmes sociaux et économiques inhérents au pays, conséquences selon le manifeste de l’USP Sem Medo “d’une crise globale et multiforme : une crise qui est à la fois environnementale, économique, politique et de reproduction sociale”. Le mouvement dénonce la propension des décideurs politiques à faire “peser sur le dos des plus pauvres, des noirs, des indigènes, des femmes et de la population LGBTQIA+ tout le fardeau qui soutient le maintien des profits des élites dans le monde entier”.

La lutte pour les quotas de races et sociaux dans le milieu universitaire se poursuit également, et fait partie des grands enjeux des étudiants engagés. A l’USP, la politique des quotas sociaux et raciaux existe désormais depuis neuf ans, soit assez tardivement par rapport au débat national. L’USP Sem Medo se réjouit de cette réussite historique des mouvements noirs et étudiants permettant une “démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur public” et invite à poursuivre ce combat : “cette année, alors que la loi sur les quotas fête ses 10 ans et que sa révision est débattue par le Congrès national, nous pensons qu’il incombe au mouvement étudiant de défendre sans compromis cette politique ainsi que son élargissement”, selon le manifeste.

Des engagements qui dépassent les murs de l’université

“Notre combat ne s’arrête pas dès la fin du processus électoral universitaire”, revendique Juliana. Les étudiants ont cette année pour enjeu la refonte du mouvement étudiant en s’appuyant sur ses pratiques traditionnelles et en les adaptant au nouveau contexte social de l’USP. “Il sera également important de renforcer les entités, en contribuant à leur moralisation auprès des élèves”, ajoute-t-elle.

Leurs ambitions s’étendent surtout en dehors de l’USP, dans un contexte national. “Nous avons une grande mission, proclame l’activiste : la défaite de Bolsonaro aux élections”. Celle-ci s’organise nécessairement autour de luttes dans les rues, et ne peut occurer qu’en se mobilisant activement pour la construction de la campagne de Lula, “le seul candidat capable de vaincre le génocide”. Par ces combats politiques, c’est un droit à l’avenir que les étudiants défendent.

 

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