The Koala : Une liberté d’expression encouragée
Développement d’une branche à la SDSU
Le journal s’est vu créer une branche au sein de la SDSU en 2004, tout d’abord avec la collaboration de la fraternité Theta Chi – partenariat qui a pris fin à la suite d’un article très critique du système de fraternité. Le journal est distribué (gratuitement) tous les mois, et vous pouvez croiser sur le chemin de votre prochain cours, des membres du Koala vous proposant le journal avec une candeur qui rend la première lecture du papier encore plus inattendue. Alors que les publications de la UCSD se permettaient une critique de tout et tout le monde (quasiment comparable à ce qui est présent actuellement dans Charlie Hebdo) que cela soit, la couleur de peau, l’ethnie, la religion, le genre ou l’orientation sexuelle, qui leur a valu de nombreuses controverses et la dissolution du média, le « spin off » de la SDSU semble proposer une version plus édulcorée de ce contenu. Le journal prône toujours un mode de vie rythmé par l’alcool, la drogue et la débauche mais les attaques des diverses minorités sont bien moins présentes, ce qui est compréhensible au vu du discours d’acceptation et de valorisation des communauté minoritaire porté par l’ensemble de l’université.

Couverture du numéro de The Koala de décembre 2022
Un contenu dérageant et choquant qui dénote par rapport aux médias traditionnels américains
Dés la première page, le journal donne le ton « The motherfuckin’ Koala » (« Ce putain de Koala »). Dans un pays ou la moindre insulte est censurée à la télévision et où un film avec l’utilisation du mot « fuck » se voit attribué une restriction d’âge, la distribution d’un journal dont le titre en lui même contient une grossièreté reste assez déroutante. Cette sensation déconcertante ne cesse d’augmenter dés qu’un œil non habitué ouvre le journal pour en commencer la lecture. Les articles mélangent actualité de l’université et fiction, extrapolant n’importe quelle situation pour la rendre plus provocante qu’elle ne l’était sûrement. Un article a pu être écrit sur une fête de fraternité dans lequel le reporter raconte avoir été témoin d’une dépravation presque inimaginable en donnant des détails plus libidineux les uns que les autres à la limite du réel. Se moquant principalement des étudiant.e.s en première année fraîchement sorti.e.s du lycée et qui découvrent la vie universitaire, les journalistes du Koala apparaissent comme des vétérans, ayant tout vu et tout vécu, qui mettent presque en garde ces jeunes étudiant.e.s (qui ne sont leur cadet.te.s que de quelques années) contre les dépravations de la vie sur le campus.
La liberté d’expression au service d’une critique qui n’est pas anodine
Le Koala adopte un ton cinglant et parfois même carrément insultant à l’égard de ses lecteurs, la page horoscope (qui indique très clairement dans son titre « whore-o-scopes » que l’astrologie ne vas pas traiter de la légèreté de la vie quotidienne) insulte, donne des ordres et se moque ouvertement de chaque signe sous couvert de « conseil » pour le mois à venir. Ce journal ne semble pas exister pour plaire à tous, il cible ses lecteurs, sait lesquels peuvent tolérer son ton et ses insultes et les articles entrent alors dans la dimension d’une discussion hors de la sphère publique. Un accord tacite est passé entre lecteurs et journalistes, si vous lisez The Koala, vous savez à quoi vous attendre. En connaissant son public, le journal peut alors se servir de cette relation avec ses lecteurs pour dénoncer des comportements, qu’ils soient individuels et donc de l’œuvre de certains élèves ou en accusant l’université elle-même de certains actes.

« Il n’y a pas de raison de demander un essai de 10 pages si vous êtes un professeur au niveau 200 »
Le Koala semble avoir appris de son prédécesseur qui s’est vu être dissout par les nombreuses controverses provoqués par ses publications. Ce qui reste le plus fascinant à propos de ce journal, autre que le cynisme – presque égal à celui nos vieux journalistes satiriques – des étudiant.e.s qui rédigent ce journal, c’est l’absence totale de censure de la part de l’université qui leur laisse une liberté d’expression quasi intégrale. On pourrait se demander : »quand est-ce que le journal pourrait aller trop loin » ? Non pas vraiment dans son humour, mais plutôt dans sa dénonciation de l’ensemble des membres de l’université (qu’ils soient étudiant.e.s, professeur.e.s ou membres de l’administration). La limite reste pour l’instant introuvable.
Iris Castillo