San Diego State University ou la valorisation du sport

Aux États-Unis, la culture du sport est largement valorisée, en particulier au sein des structures d’enseignement. Cette valorisation est exacerbée en Californie où le culte du corps est central, notamment dans la mesure où la population y est en moyenne plus riche comparativement au reste du pays, et par conséquent moins touchée par la malnutrition. Au cours de mon semestre à San Diego State University (SDSU), j’ai pu constater par moi-même à quel point le sport était au centre de l’activité d’un campus californien.

La démocratisation du sport auprès de l’ensemble des étudiants

Dès les premiers pas sur campus de l’université, on mesure l’omniprésence du sport. SDSU compte une immense salle dédiée, très bien équipée, qui comprend plusieurs gymnases, salles multisports et même des murs d’escalade. À cela s’ajoute plusieurs stades et gymnases, un terrain de baseball ainsi qu’un terrain de football américain, une dizaine de terrains de tennis et une piscine. Certains gymnases sont même suffisamment grands pour accueillir des concerts de stars mondialement connues (Alicia Keys, Rosalia, Kendrick Lamar, Lizzo). L’ensemble de ces infrastructures de grande qualité sont ainsi accessibles à l’aide d’un simple justificatif étudiant et sans frais supplémentaires.

Par ailleurs, il est possible de choisir « à la carte » des cours de sports au même titre que des matières académiques pour obtenir des crédits qui seront comptabilisés dans la validation des diplômes. C’est dans ce contexte que j’ai bénéficié, lors de mon échange, de 2 heures par semaine de cours de self-défense pour femmes. Ces cours très complets sont dispensés par la Coach Heidi Williams, sportive de haut niveau dans plusieurs arts martiaux. Ils sont destinés à toutes les étudiantes qui le souhaitent. Pour ces dernières, c’est à la fois l’occasiond’améliorer leur condition physique, d’apprendre des techniques de combats et d’évoluer dans un « safe space » où le partage et les échanges autour des expériences de chacune sont encouragés, en toute bienveillance.

De plus, des dizaines d’autres cours de sports sont dispensés tout au long de la semaine  en accès libre sur inscription et toujours gratuitement. L’accès à ces cours se voit facilité par une politique volontariste de l’université dans son aménagement des emplois du temps des étudiants.

Le sport se retrouve ainsi au coeur du quotidien étudiant de manière tout à fait naturelle. J’ai pu le constater à mon échelle : mon niveau de pratique sportive a énormément augmenté durant mon échange alors que cette pratique s’inscrit très difficilement dans mon quotidien d’étudiante française.

Une pratique sportive portée par une élite autour d’évènements rassembleurs

La valorisation du sport passe aussi par son caractère évènementiel : les compétitions sportives sont à SDSU de grands moments de rassemblement et de liesse collective tant pour les étudiants que pour le corps enseignant et administratif de l’Université. À titre d’exemple, l’équipe de Basketball des Aztecs (SDSU) est actuellement au centre de l’attention sur le campus car elle s’est hissée jusqu’à l’étape des Final Four du prestigieux tournois de la ligue NCAA. Toute l’Université se réunit pour célébrer ses champions de haut niveau autour de spectacles euphorisants ponctués par les chorégraphies des Cheerleaders, sur les airs joués par la fanfare universitaire. Ces matchs, gratuits pour les étudiants de SDSU, structurent la vie sociale du campus.

La manière la plus efficace et visuelle d’afficher son soutien à son équipe de coeur est évidemment de s’équiper au préalable auprès du Bookstore du campus. Cette boutique propose un choix quasi illimité de produits de merchandising, cette fois à un certain prix. Ce marketing ultra efficace autour de la marque « SDSU », et largement soutenu par les équipes sportives, témoigne à la fois d’un consumérisme américain très décomplexé et de la volonté de créer un fort sentiment d’appartenance à l’Université par l’ « uniforme ».

Si l’engouement pour la compétition sportive est aussi fort, il n’en est pas moins intense en ce qui concerne les joueurs eux-mêmes. Ces derniers sont portés aux nues et élevés au rang de célébrités locales tant par l’Université que par une grande partie de la population étudiante. Ils forment ainsi un groupe d’élèves admirés car « méritants », bénéficiant d’un traitement privilégié pouvant parfois ouvrir la voie à une certaine impunité. Il était en effet de notoriété publique qu’une plainte pour viol et agression sexuelle sur mineure avait été déposée contre l’un des joueurs de l’équipe de Football de l’Université, durant le Spring semester 2022. Le joueur concerné avait semble-t-il bénéficié jusqu’ici de la protection des institutions universitaires en raison de son profil de sportif de haut niveau très prometteur. On notera toutefois que l’Université a pris le soin de communiquer assez largement sur cette affaire et son suivi auprès des étudiants, et que plusieurs enseignants ont également pris le parti de créer des discussions en cours à ce sujet.

Louise Martos