Âgée de 25 ans, Paula a déjà étudié dans trois pays différents. Née à Bogota, elle a fréquenté les bancs de la prestigieuse Université de Los Andes, au cœur de la capitale, jusqu’en 2016, date à laquelle elle décide de partir pour le Mexique dans le cadre d’un échange universitaire. Elle y découvre les sciences des aliments, « un domaine très vaste qui recouvre des besoins essentiels », explique Paula. En 2019, elle décroche brillamment la « bourse citoyenne du monde, volet excellence », qui lui permet de s’inscrire en maîtrise professionnelle au sein de la faculté des sciences de l’alimentation à l’Université Laval. L’obtention de cette bourse, justifiée par l’excellence de son dossier académique, fut une véritable chance pour l’étudiante colombienne. Comme le souligne Paula, « il n’existe pas d’ententes entre les pays d’Amérique latine et le Canada, il est très difficile pour des étudiants colombiens d’étudier ici ».
De la Colombie au Canada : des débuts difficiles
À son arrivée au Québec, l’intégration a été plutôt difficile, raconte Paula. « Il y a peu d’étudiants hispanophones au sein de ma faculté ; la plupart des étudiants sont français ou originaires d’Afrique francophone. Ça a été difficile de s’habituer et de parler avec des francophones natifs » explique Paula. Elle ajoute qu’en Colombie, la plupart des étudiants apprennent l’anglais comme deuxième langue. « Heureusement, j’avais un bon niveau de français avant d’arriver ici ». Le programme de jumelage lui a notamment permis d’être accompagnée dès son arrivée. « J’avais une marraine en doctorat, elle m’a donné des conseils sur la vie au Canada et à Québec ».
Paula souligne aussi le rôle joué par le bureau de la vie étudiante et par les associations culturelles, qui accompagnent les étudiants internationaux et favorisent leur intégration. À cet égard, La Raza, l’association des étudiants latino-américains de l’Université Laval, organise de nombreuses activités ouvertes à tous les hispanophones : « c’était rassurant d’avoir des interlocuteurs à travers cette association ; on partage des expériences et des préférences, c’est génial ! ».
Étudier au Canada : « un rêve et une motivation »
Durant son année de maîtrise, Paula s’est passionnée pour les aliments fonctionnels, « un domaine riche et passionnant », qui a inspiré son travail de recherche. Une fois diplômée, elle espère mettre à profit ses connaissances au sein d’une des nombreuses industries alimentaires du Canada. Comme elle l’explique, le Canada est un pays où les opportunités sont multiples. « La situation sociopolitique et économique en Colombie n’est pas très bonne. J’ai l’opportunité, ici, d’améliorer ma qualité de vie, et à travers moi, celle de ma famille », confie Paula.
Dans dix ans, elle espère pouvoir acheter une maison au Québec afin de s’y établir de façon durable et « dédier plus de temps à [sa] famille ». Car dans son pays d’origine, les conditions de travail sont nettement plus rudes et les colombiens travaillent en moyenne 48 heures par semaine : « en Colombie, on travaille pour survivre, jour après jour : on est toujours préoccupé par l’avenir ». Aussi, beaucoup de ses amis rêvent de venir au Canada, pour y étudier ou y travailler. « Notre pays traverse une période très difficile, à l’image de beaucoup de pays d’Amérique latine. Tous rêvent de pouvoir vivre en paix, d’avoir une stabilité économique, d’avoir plus de temps libre pour la famille ». Elle ajoute, avec le sourire : « ce qui est difficile, c’est le climat et la nourriture ! ». Si on s’habitue aisément à ces différences, poursuit-elle, on s’accoutume moins facilement à la distance avec la famille.
« Une autre perspective de vie »
Heureuse de son année, Paula recommande l’expérience à tous les étudiants désirant étudier à l’étranger : « cette année m’a enrichie aux niveaux professionnel et personnel : j’ai eu l’opportunité de rencontrer beaucoup de personnes d’origines et de cultures différentes. Si on ne sort pas de la Colombie, on n’a pas l’opportunité d’avoir cette autre perspective de vie ». À l’avenir, Paula souhaite qu’il y ait plus d’opportunités pour les étudiants colombiens désireux d’étudier au Canada. « J’apprécie beaucoup le fait d’avoir étudié ici, j’aime beaucoup la vie dans la ville de Québec, je veux rester autant que possible. Je remercie beaucoup l’Université Laval de m’avoir accordé cette bourse, sans laquelle je n’aurais pu vivre cette expérience ».
Jade Dudognon